Antonin Varenne, L'Artiste
RomanRoman policier
320 pages
a paru le 5 septembre 2019
ISBN 978-2-3588-7529-5
Antonin Varenne

L’Artiste

RomanRoman policier
320 pages a paru le 5 septembre 2019 ISBN 978-2-3588-7529-5
RomanRoman policier
320 pages a paru le 5 septembre 2019 ISBN 978-2-3588-7529-5

Lauréat du Prix Rive Gauche à Paris

2001. Les nuits parisiennes voient naître un nouveau monstre. Un serial killer s’en prend aux artistes, transformant chacune de ses scènes de crime en oeuvre mêlant esthétisme et barbarie. L’inspecteur Heckmann, flic vedette du moment, se retrouve en charge de cette très médiatique affaire et se lance dans la traque. Mais bientôt il lui semble que tous ces crimes ne sont qu’un moyen pour le tueur de jouer avec lui...
Avec ce roman policier, Antonin Varenne révèle une fois de plus son incroyable talent à nous entraîner dans une course infernale où ses personnages doivent lutter contre leurs propres démons autant que contre le fracas du monde.

  • Né à Paris en 1973, Antonin Varenne travaille en Islande, au Mexique et, en 2005, s’arrime au pied des montagnes Appalaches où il décide de mettre sur papier une première histoire. Revenu en France, il s’installe dans la Creuse et consacre désormais son temps à l’écriture.
    • Antonin Varenne, Battues
    • Antonin Varenne, Dernier tour lancé
    • Antonin Varenne, Cat 215
  • Varenne restitue avec une poésie vibrante la lumière et les ombres de la ville.
    Des personnages attachants, captivants ! Un excellent polar que vous ne lâcherez pas. 
    Ce polar est drôle, accrocheur, impertinent, malin et sacrément bien écrit. Vite, le prochain roman d’Antonin Varenne !
    On vit cette traque au plus près du flic jusqu’à un final surprenant. Antonin Varenne a ce talent de conteur : il sait mettre de l’humour et de l’action au cœur de l’intrigue. 
  • Dans un Paris en pleine crise des banlieues, L’artiste offre un polar social, intelligent, à l’humour décapant avec une figure d’inspecteur originale qui pourrait presque être un cousin éloigné du Benjamin Malaussène de Daniel Pennac tant son caractère quelque peu lunaire et malchanceux en fait un personnage attachant et atypique. Un roman vivement enthousiasmant à la poésie singulière.

    Une course-poursuite dans un Paris noir éclairé par l’écriture poétique d’Antonin Varenne et son art du détail. Une lecture dont vous tournerez les pages à toute vitesse et que vous quitterez avec regrets ! Grand coup de coeur !
  • téléchargez l’extrait

    Paris grandit haubans de soleil balayaient les rues et les toits de zinc,faisaient briller les vitres des vieilles huisseries, et passèrent un instantsur un vieil immeuble de trois étages aux enduits fissurés. C’était un morceauusé du quartier, coincé entre deux barres neuves de béton, une dent cariée surlaquelle on continue de mâcher. De ses gouttières en dentelle, brillBar du Matin, restèrent accrochées lescouleurs d’un lever de soleil peint à la main. Le nom de l’établissement étaitaussi peint à la main, en lettres dégoulinantes, par un artiste local payé auverre. Devant l’entrée, un grand homme maigre agitait ses longsbras tatoués.Deux flics en uniforme l’encadraient, eux-mêmes cernés par des parasolsKronenbourg déchirés, des tables et des chaises renversées, couverts degouttelettes argentées. Entre les éléments épars du mobilier chaviré, un saccaoutchouteux, noir et luisant,gisait. Deux hommes en blouse blanche déposaientsur un brancard une jeune femme inanimée. Le trottoir était mouillé, gras etglissant. Autour de la terrasse foudroyée, une poignée d’agents nerveuxcontenait la foule qui débordait sur le boulevard. On se tordait le couet onse bousculait pour voir. Un véhicule de réanimation du SAMU s’éloignait sirènehurlante.

    De l’autrecôté du boulevard de Ménilmontant, là où finit Belleville et où commence Paris,un vieux coupé Mercedes noir se gara. Un homme blond, costume clair et têtehaute, en descendit ettraversa la chaussée tête haute. Virgile Heckmann fenditla foule en brandissant sa carte tricolore, un agent du cordon s’écarta pourlaisser le lieutenant entrer dans le cercle. La confusion y régnait.Heckmannfit signe à un jeune agent, qui se faufila entre les meubles valdingués et seprésenta au rapport, les doigts sur ses coutures de pantalon. Le bleuconnaissait le lieutenant de réputation ; protégédu ministère, appelé àune grande carrière. Heckmann, flic sans humour.
    - C’est pasbeau, lieutenant. Une fille qui a tenté de se suicider. On ne savait pas quiappeler.
    Le jeune flicétait émotif. Heckmann jeta un coup d’œil à la femme inconsciente qu’on roulaitdans un véhicule d’urgence. Il ne comprenait pas non plus ce qu’il faisait là,les suicides ne leregardaient pas, encore moins ratés.
    - Mais commeun des deux enfants est mort, on s’est dit que c’était pour vous.
    Heckmann seretourna. Pourquoi n’avait-il pas remarqué plus tôt le sac noir ? Parcequ’il semblait vide, à peine rempli par le corps à l’intérieur ? Ilobserva encore, refit le compte des acteurs, levales yeux vers les fenêtres,les baissa sur la terrasse éclatée. Le jeune gardien de la paix avait leslèvres blanches. S’il ne l’avait déjà fait, il allait vomir.
    - L’autregamine est mal en point, elle est déjà partie à l’hôpital. La mère estinconsciente. Elle a sauté du deuxième, sur la terrasse, avec ses deux mômesdans les bras, lieutenant.
    VirgileHeckmann accusa le coup, serra les dents.
    -CRS de Belleville. Dispersez la foule.
    La netteté de l’ordreredonna un peu d’assurance au bleu. Le soleil repassa sur la terrasse etl’immeuble, soulevant les parfums de la ville mouillée, mélange d’hydrocarbures,de cuisine et depoubelles. Le SAMU emporta la mère, sirène à plein volume.Heckmann marcha jusqu’au sac, s’accroupit et tira sur la fermeture Eclair. Ungamin de trois ou quatre ans, crâne défoncé, baignant dans sonsang que leplastic retenait précieusement, l’empêchant de se mêler aux odeurs du trottoir.
    Rond-point dumétro de Ménilmontant, trois J5 croisèrent le véhicule du SAMU. Les gros brasde la Compagnie Républicaine de Sécurité se déversèrent sur le boulevard,bousculant sans retenueChinois, Kabyles, des clochards et les badauds, les étudiantsà vélo et les premiers journalistes. En cinq minutes, vingt mètres de trottoirdevinrent un désert quadrillé. Autour du vide, le flux humaincontinua des’écouler, contournant la ligne de casques muets et de boucliers en plexiglas.
    Heckmann entradans le bar miteux. Des flics notaient les noms et coordonnées de trois autres témoinsencore livides. Le patron, maigre et tatoué, était assis au bar et se grattaitles cuisses. Dehors,un légiste et un type du labo étaient arrivés pour prendremesures, notes et photos. Après avoir entendu le patron —qui n’avait rien àdire sinon que la mère était une habituée et qu’elle était tombée d’en haut—, Heckmann monta au deuxième étage de l’immeuble.L’escalier en bois sentait la pisse de chat et les marches étaient molles. Lepalier n’avait qu’une seule porte, sur laquelle un brigadier bien en chairposait des scellés. En silence, il laissa passer le lieutenant dans l’entréeminuscule.
    À droite, unesalle de bains étriquée, baignoire sabot à l’émail écaillé. En enfilade, unepetite cuisine en contreplaqué marron, table en formica jaune aux anglesdécollés, trois chaises dépareillées,des bols renversés, sur le linoléum descéréales dans une flaque de lait. À gauche, une porte donnait sur unsalon-chambre-à-coucher chaotique. Lit d’enfant dans un coin, canapé-litdéplié, draps froissés,vêtements en boule et peluches. Un autre flic, penché àune fenêtre du salon, regardait en bas.
    - Eh Bernard !Tu crois que tu t’en sortirais, toi ? Peut-être, si tu tombais dans unverre de Ricard ! Ha ! Dis, ça y est, il est barré le Saint ? Oh ! Tu m’entends ?